Avec sa promesse d’une "maison de retraite à domicile", Mamili propose une solution intelligente, humaine et moins coûteuse que les alternatives traditionnelles. Fondée en 2023 à Paris, la startup s’inscrit dans le marché porteur de la silver économie, estimé à 130 milliards d’ici 2030.
“Rester chez soi n'a pas de prix”, lance d’emblée Victoire Bossard, CEO de Mamili. La startup entend relever un défi de société majeur dans les années à venir : permettre aux personnes âgées de vieillir sereinement chez elles tout en soulageant leurs aidants familiaux.
En France, 90 % des seniors souhaitent vieillir chez eux. Pourtant, dès les premiers signes de perte d’autonomie, la réalité est toute autre : ce choix repose principalement sur les 11 millions d’aidants familiaux. Souvent épuisés, ces derniers subissent une charge mentale écrasante, avec 70 % d’entre eux présentant des symptômes de dépression. “J’ai vu mes parents gérer cette situation pour ma grand-mère”, raconte Victoire Bossard, une expérience partagée par son associé Clément Henry. “Pour la petite anecdote, nos deux grands-mères se prénommaient Georgette.”
Une startup née dans le giron du serial-entrepreneur Denis Fayolle
Denis Fayolle s’est illustré pour avoir cofondé ou accompagné plus de 19 startups dans différents secteurs (dont La Fourchette, ManoMano, Singulart..). Victoire Bossard le rencontre via Linkedin. “Tous les deux ans, il lance une entreprise avec une femme à sa tête pour soutenir l’entrepreunariat féminin autour d'un projet à impact. Nous nous sommes rencontrés, je lui ai dit que je voulais monter quelque chose autour du bien-vieillir pour les personnes âgées. Il m’a présenté plusieurs éventuels associés, dont Clément Henry et Erwan Nader, et nous avons fini par cofonder Mamili à 4”, reprend Victoire.
Au-delà de son histoire personnelle, la jeune femme avait auparavant travaillé dans le secteur du venture capital, et eu l’opportunité d’investir dans plusieurs startups de la silver économie comme Colette (cohabitation intergénérationnelle) ou encore OuiHelp, qui se positionne sur le modèle du service “Petit-fils”. “Ces projets m’ont permis de mesurer l’importance cruciale de l’innovation dans le secteur du bien-vieillir, mais j’ai aussi pu observer un vrai trou dans la raquette : celui d’une coordination efficace pour soutenir les familles et les aidants.” C’est donc ce manque que Mamili souhaite combler en créant une véritable conciergerie senior capable de coordonner l’ensemble des besoins pour permettre aux personnes âgées de rester chez elles dans les meilleures conditions.
Une offre clé en main : sécurité, coordination et sérénité
Mamili repose sur trois piliers essentiels pour garantir un maintien à domicile sécurisé, organisé et abordable : tout d’abord, apporter une sécurité 24h/24 équivalente à celle des maisons de retraite. Grâce à des dispositifs connectés, comme les bracelets de détection de chute et les sonnettes vidéo, chaque intervention est supervisée. Par exemple, lorsqu’un auxiliaire de vie arrive, il ou elle est identifié via la sonnette connectée. Cela permet de gérer les imprévus et de lutter contre les risques d’abus ou de maltraitance. “On sait exactement qui entre, à quelle heure, et on peut intervenir si nécessaire”, explique Victoire. Cette transparence est essentielle pour rassurer les familles dans un secteur où les témoignages d’abus sont encore trop fréquents.
L’innovation de Mamili repose aussi sur sa capacité à organiser et piloter une gamme complète de services autour de la personne âgée. Auxiliaires de vie, infirmiers, kinésithérapeutes, coiffeurs à domicile, livraison de repas, chaque besoin est anticipé et couvert. Cette coordination est assurée par un interlocuteur unique, un "care manager", qui reste en contact permanent avec la famille. “Si une auxiliaire de vie ne correspond pas aux attentes d’une famille, nous la remplaçons immédiatement. La continuité du service est notre priorité”. Ce suivi personnalisé, associé à une écoute attentive, permet de créer un environnement stable et sécurisé pour les seniors.
Mamili prend également en charge l’ensemble des démarches administratives complexes : recherche et coordination des aides publiques, contrats des professionnels de santé, suivi des interventions. À titre d’exemple, peu de familles savent qu’elles peuvent bénéficier de l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie) ou des aides de l’ANAH pour financer des travaux d’adaptation du logement. “Les familles ont parfois des budgets serrés. Notre business model repose sur un abonnement à 400 euros par mois, mais derrière, nous trouvons des moyens pour les aider à récupérer ces 400 euros via des aides financières, ou trouvons d’autres solutions comme loger un étudiant à domicile, etc.”
En ajoutant les heures d’auxiliaire de vie et autres services, le coût total du service Mamili reste 25 à 50 % moins cher qu’une place en maison de retraite, dont le tarif moyen à Paris s’élève à 3 500 euros par mois. “Nous voulons prouver qu’une solution humaine et économique peut exister pour permettre aux seniors de vieillir chez eux, dans les meilleures conditions possibles”, affirme Victoire Bossard.
Une ambition portée par une levée de fonds réussie
Pour concrétiser cette vision, Mamili a bouclé une première levée de fonds de 400 000 euros auprès de business angels, dont Monestier Capital. La startup a également bénéficié du soutien de la Région Île-de-France, via un dispositif dédié au bien-vieillir, permettant à la startup de démarrer avec des bases solides malgré l’absence initiale de chiffre d’affaires.
“L’objectif était avant tout de lancer la machine”, précise Victoire Bossard. “Nous n’avons pas encore de revenus, mais cela nous donne les moyens de prouver que notre modèle fonctionne. Pour l’instant, nous avons assez de cash pour voir venir, nous concentrer sur notre développement en Île-de-France et, une fois notre efficacité démontrée, envisager une expansion à l’échelle nationale.”
L’équipe réfléchit en effet déjà aux prochaines étapes de son déploiement. Si l’Île-de-France reste la priorité, les demandes affluent de villes comme Marseille et Lyon, où Mamili envisage de s’implanter rapidement. “Nous avançons par étapes, en priorisant les grandes agglomérations, mais nous voulons aussi répondre à des problématiques spécifiques.” À terme, Mamili envisage également de répondre aux problématiques des zones rurales et déserts médicaux, en organisant des services de transport pour les consultations en cabinet.
Avec une population française vieillissante — 1 Français sur 4 aura plus de 65 ans d’ici 2030 — et un marché de la silver économie estimé à 130 milliards d’euros d’ici la même période, les besoins en solutions innovantes n’ont jamais été aussi pressants. Mamili s’inscrit dans cette dynamique en proposant une alternative crédible et moderne au départ en maison de retraite.
