La start-up, née il y a moins d’un an, ambitionne de créer une alternative au caoutchouc naturel en laboratoire. En octobre dernier, celle-ci a annoncé une première levée de fonds en amorçage de 3,3 millions, auprès d’Ovni Capital, Kima Ventures, another.vc et des business angels.
Bacta est une biotech fondée à Paris en 2023 par l’actuel CEO Mathieu Nohet, Marie Rouquette (COO) et Selcuk Aslan (CSO). La mission qu’elle s’est donnée : parvenir à recréer en laboratoire une alternative au caoutchouc naturel. Aujourd’hui, la dépendance de beaucoup de secteurs à ce matériau obtenu par la transformation du latex sécrété par un arbre brésilien nommé Hévéa, engendre de la déforestation et se révèle peu adaptée au changement climatique. En effet, la surproduction naturelle de caoutchouc ravage les forêts d’Asie du sud-est, où la plupart des cultures se trouvent, et consomme énormément d’énergie, sans compter que la hausse des températures représente une menace pour la culture des hévéas.
Encore au stade de « preuve de concept »
La jeune start-up française travaille en collaboration avec l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) sur une plateforme d’organelles (éléments d’une cellule) synthétiques permettant de reproduire le phénomène de polymérisation (union de plusieurs molécules) à l’origine de la production de caoutchouc. En octobre dernier, la jeune pousse a annoncé une levée de fonds de 3,3 millions en amorçage pour poursuivre ses recherches et convaincre ses premiers clients dans le luxe, le sport et les accessoires de mode. Les principaux investisseurs sont Ovni Capital, Kima Ventures, another.vc et des business angels. Jusqu’à présent, l’entreprise est au stade de « preuve de concept », mais elle vise un premier passage à l'échelle dès l'année prochaine, en passant de l'échantillonnage à la production de quelques kilogrammes de son caoutchouc de laboratoire, avant de voir plus grand et d’envisager une production industrielle.
Une équipe scientifique de renommée mondiale
Ces nouveaux capitaux injectés vont permettre à Bacta de renforcer ses moyens en R&D, mais aussi d’agrandir son équipe, composée de quelques scientifiques de renommée internationale, comme Ariel Lindner (INSERM), Pablo Ivan Nikel (Denmark Technical University) et Steffen Lindner-Mehlich (Institut de biochimie de Berlin).
Soutenir les industries en baissant le coût environnemental de la production de matériaux
Sur LinkedIn, Mathieu Nohet, CEO de Bacta, s’est dit « heureux de cette nouvelle étape dans notre mission de décarbonisation de l'industrie du caoutchouc », avant d’annoncer que ses ambitions allaient au-delà de la précieuse gomme. « Il s’agit d’un premier pas vers la construction d’une plateforme utilisant les microbes comme des usines moléculaires programmables pour synthétiser des isoprénoïdes (composés organiques naturels, ndlr) négatifs en carbone et fournir des matériaux aux industries du monde entier » De son côté, Augustin Sayer, cofondateur d’Ovni Capital, explique la nécessité d’investir dans ce genre d’entreprise prometteuse : « Les économies occidentales ont été trop dépendantes à d'autres pays concernant la chaîne d'approvisionnement industrielle de certains matériaux stratégiques, ce qui les vulnérables pour l’avenir. La biologie synthétique offre une solution prometteuse pour créer des ressources durables et abondantes. » Le marché de la biotech est en plein essor, de plus en plus de start-up voient le jour à la recherche de nouvelles solutions de synthétisation de matériaux naturels. C’est par exemple le cas de Visolis, aux Etats-Unis, ou encore d’Again, en Europe.