La start-up toulousaine Micropep, spécialisée dans les solutions naturelles pour protéger les plantes, vient de réaliser une levée de fonds de 27 millions d'euros en série B. Ce nouveau tour de table porte à 48 millions d'euros le montant total levé par l'entreprise depuis sa création en 2016. Les fonds serviront à finaliser le développement et à lancer la commercialisation de son premier produit contre les maladies fongiques des cultures.
Des biopesticides nouvelle génération pour une agriculture durable
Fondée en 2016 par Thomas Laurent et Jean-Philippe Combier, Micropep développe des alternatives biologiques aux pesticides chimiques traditionnels. Leur approche repose sur l'utilisation de micropeptides, de petites protéines naturelles capables de stimuler les défenses des plantes contre les maladies et les ravageurs.
Présente en France et aux États-Unis, l'entreprise a pour mission d'aider les agriculteurs à protéger leurs cultures face au changement climatique, tout en réduisant l'impact environnemental de l'agriculture. Leurs produits, appelés biopesticides, représentent une solution d'avenir pour le secteur.
Vers une transition écologique de l'agriculture française
En France, l'agriculture est encore largement dépendante des pesticides de synthèse. Chaque année, selon les données de l’INRAE, les agriculteurs en utilisent entre 55 000 et 70 000 tonnes avec des conséquences néfastes sur la biodiversité, la qualité de l'eau et la santé des sols.
Pourtant, les mentalités évoluent. Le nombre de fermes engagées dans l'agriculture biologique a plus que doublé en 10 ans, passant de 24 000 en 2010 à plus de 60 000 en 2022, d'après les chiffres de l’Agence Bio. Mais ces exploitations ne représentent que 13 % du total. Pour généraliser la transition écologique, il est donc crucial de développer des solutions alternatives performantes et abordables, comme les biopesticides.
Une technologie unique pour découvrir de nouveaux micropeptides
Pour mettre au point ses biopesticides, Micropep s'appuie sur une plateforme technologique baptisée Krisalix. Véritable couteau suisse de la découverte de nouvelles molécules, elle intègre intelligence artificielle, bioproduction et essais d'efficacité.
Concrètement, des outils informatiques très poussés sont utilisés pour analyser les génomes des plantes et identifier les micropeptides les plus prometteurs parmi des milliards de possibilités. Les molécules les plus intéressantes sont ensuite produites à grande échelle grâce à des bactéries, puis testées pour évaluer leurs performances, leur stabilité et leur facilité d'utilisation.
“Notre plateforme Krisalix combine des approches d'intelligence artificielle et de machine learning pour le design de nouveaux micropeptides avec une suite de bioessais pour tester leur efficacité, leur stabilité et leur rendement en production pour sélectionner rapidement les plus prometteuses", explique Thomas Laurent, directeur général et cofondateur de Micropep, dans un communiqué de presse.
Cette approche a permis à Micropep de développer un portefeuille de plusieurs biopesticides à différents stades d'avancement, ciblant notamment les champignons et les mauvaises herbes. Le plus avancé pourrait être mis sur le marché d'ici quelques années.
27 millions d'euros levés pour accélérer le développement
Pour financer son développement, Micropep vient de boucler un tour de table de 27 millions d'euros en série B mené par Bpifrance, pour le compte de l'État dans le cadre de France 2030, et le fonds suisse Zebra Impact Ventures, avec le soutien de ses investisseurs historiques comme Sofinnova Partners et Supernova Invest.
"Parce qu'elle intervient dans un contexte de financement particulièrement complexe, cette nouvelle levée de fonds est une marque de reconnaissance des résultats exceptionnels que nous avons obtenus jusqu'à présent chez Micropep et du potentiel futur de notre plateforme de découverte de micropeptides et de nos premiers ingrédients actifs", se félicite Thomas Laurent.
Les fonds serviront notamment à finaliser les tests réglementaires en vue du lancement du premier produit, à nouer des alliances stratégiques avec des acteurs de l'agrochimie et de l'agroalimentaire, et à étoffer le portefeuille de molécules en développement.
L'objectif est d'accélérer la mise sur le marché de ces solutions innovantes en nouant des partenariats à l'échelle mondiale, comme l'explique Thomas Laurent : "Notre ambition est de travailler main dans la main avec des partenaires sélectionnés à différentes étapes du cycle de développement des produits et dans différentes zones géographiques pour apporter le plus vite possible nos solutions aux agriculteurs".
Comme le souligne Édouard Combette de Bpifrance, il s’agit d’un enjeu crucial pour l'avenir de l'agriculture : "Grâce à ses biopesticides nouvelle génération, Micropep est idéalement positionné pour relever les défis mondiaux d'une agriculture plus résiliente, productive et durable".
Avec ce nouveau financement, Micropep a les moyens de ses ambitions pour devenir un leader mondial des technologies naturelles de protection des plantes, au service d'une agriculture respectueuse de l'environnement.
