La société Oligofeed a annoncé avoir finalisé une levée de fonds de 600 000 euros en pré-amorçage. Un financement qui va lui permettre d’accélérer son développement et d’entamer la mise sur le marché de son premier produit visant à sauver les abeilles de l'extinction.
La pollinisation naturelle en danger
En butinant et en pollinisant plusieurs centaines de fleurs par jour, l’abeille joue un rôle primordial dans l’agriculture. Comme l’a récemment rappelé l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l’environnement et du travail, 75 % de la production mondiale de cultures alimentaires dépend, en partie, de l’action de cet insecte. Or, depuis plusieurs années, un affaiblissement et une mortalité croissante des colonies d'abeilles sont constatés dans le monde. La conséquence de multiples facteurs comme l'appauvrissement des pollens, l’utilisation de produits chimiques, le dérèglement climatique, la prolifération d’insectes prédateurs comme les frelons asiatiques et le développement de nouvelles maladies.
Des micronutriments pour booster la résistance des abeilles
Fondée en mai 2023 par Sébastien Floquet, chercheur à l'institut Lavoisier de Versailles, et Aneta Ozieranska, ingénieure passée par CentraleSupélec, la startup Oligofeed veut mettre la science au service de l'environnement, en développant une solution pour sauver les abeilles. Spin-off du CNRS et de l’Université de Versailles, elle crée des micronutriments capables de booster le système immunitaire des insectes pollinisateurs, basés sur le molybdène, un oligoélément présent dans plusieurs processus physiologiques. Cette molécule améliorerait la résistance des abeilles aux pesticides et aux parasites. La technologie, brevetée, est en cours d’homologation en Europe et aux États-Unis. L’entreprise s’apprête désormais à passer le cap de la production et de la commercialisation. Pour cela, elle a finalisé une levée de fonds de 600 000 euros auprès de Yield Lab Europe, un fonds spécialisé dans l’Agritech durable, de CCI Capital Croissance et des Établissements Peugeot Frères. “Leur expérience industrielle et entrepreneuriale, associée à des valeurs humaines communes, renforce grandement nos perspectives de développement”, a indiqué Oligofeed dans un communiqué diffusé sur sa page LinkedIn.
La rigueur scientifique au service des insectes pollinisateurs
Après la finalisation de ce tour de table, les deux cofondateurs d’Oligofeed ont souligné l’urgence de travailler à la protection des abeilles. “Avec le déclin de la santé des pollinisateurs, il est crucial que l’écosystème de financement soutienne des approches innovantes pour résoudre ce problème. Je suis ravi d'accueillir nos nouveaux partenaires, qui apporteront une expertise précieuse pour accroître nos chances de succès”, a commenté Aneta Ozieranska. “Notre objectif est de fournir des preuves scientifiques solides de l’efficacité de nos produits. Le secteur apicole a besoin de toute urgence de solutions efficaces fondées sur la recherche scientifique”, a ajouté Sébastien Floquet. Les micronutriments de la startup, qui souhaite aussi travailler sur d’autres insectes pollinisateurs à l’image des bourdons, sont issus de huit années de recherche. Ils ont déjà fait leurs preuves dans 1 300 ruches présentes dans cinq pays. La mortalité hivernale a baissé de 80 % dans certaines ruches, dépassant les résultats attendus.
